Quand la coopération au développement se met à l’heure de la coopération !

Croire que le monde de la coopération au développement est un monde idyllique où les relations harmonieuses entre acteurs prévalent sur toute forme de compétition serait illusoire.

De nombreux exemples de projets de développement existent malheureusement où le chacun pour soi, notamment pour se réserver la part maximale de financement, prévaut sur l’intérêt général.

Force est de constater néanmoins que face aux enjeux du développement, de plus en plus d’acteurs semblent désireux de jouer franchement la carte de la coopération. « Synergie » est un mot plus que jamais à la mode des bailleurs de fonds. Expliquer les synergies qui seront mises en place pour garantir l’atteinte des résultats escomptés par un projet de développement fait partie des préalables attendus par les financeurs.

Alors oui, bien sûr il y a encore un fossé entre « annoncer des synergies » et œuvrer réellement dans un esprit coopératif, mais ce vent de coopération souffle malgré tout dans la bonne direction.

S’inscrivant dans cette logique s’est tenu ce mois-ci à l’ambassade de Belgique le « dialogue stratégique ». Il s’agit d’une réunion entre tous les acteurs belges du développement actifs en Ouganda. Ce sont ainsi retrouvés autour de la table les représentant de la section Développement de l’Ambassade, les représentants de la Coopération Technique Belge (agence en charge de la coopération bilatérale directe, c’est-à-dire la coopération d’Etat à Etat), les représentants des ONG (c’est-à-dire la coopération bilatérale indirecte), les représentants de la coopération universitaire et les représentants du Ministère belge de la coopération au développement (dont le Ministre actuel est Alexander De Croo). Un moment privilégié où s’évalue les synergies mises en place au cours de l’année écoulée et les ponts à construire à l’avenir.

Au-delà de cette rencontre utile mais quelque peu protocolaire, le programme d’Iles de Paix en Ouganda, le fameux « Mpanga Super Farmers Program », est aussi une bonne illustration de cet esprit nouveau. Les activités d’accompagnement des familles d’agriculteurs menée par Iles de Paix et ses partenaires doivent ainsi contribuer à l’adoption au niveau communautaire d’un plan de gestion des ressources naturelles (en particulier de gestion de la rivière Mpanga), projet coordonné par PROTOS, une autre ONG belge. Par ailleurs, au cours de son programme, Iles de Paix bénéficiera de l’appui d’un projet de coopération entre l’Université de Ghent et l’Université Mountains of the Moon de Fort Portal, à travers des projets de recherche-action visant à améliorer les techniques de récolte et de stockage des familles accompagnées. Réduire les pertes post-production est en effet un levier important identifié pour augmenter les revenus des bénéficiaires.

 

 

 

Ce soir, c’est apéro sauterelles !

La découverte d’un pays se fait aussi par le palais. Et en novembre, en Ouganda, ce sont les sauterelles grillées qui apparaissent sur les étals de tous les marchés. Préparé juste avec un peu d’ail, le met s’avère croustillant et savoureux. Testé et approuvé par l’ensemble de la famille !

La Ferme Kyaninga ou la gastronomie au service de l’inclusion

Ce mois-ci, pas besoin de faire des milliers de kilomètres pour découvrir des choses extraordinaires. Ainsi, à 8km à peine de Fort Portal, le Lodge KYANINGA a mis sur pied une fabrique de fromages de chèvre. Rien d’exceptionnel à ça me direz-vous… sauf que les 3 sortes de fromages de chèvre fabriqués par la ferme sont tout simplement exceptionnel et ça, en plein milieu rural ougandais, pays sans véritable tradition fromagère, c’est un vrai exploit. Pour ce faire, les initiateurs du projet ont fait appel à l’expertise des meilleurs fromagers, importé une race de chèvres d’Afrique du Sud réputée pour la qualité « supérieure » de son lait « supérieur » et mis sur pied une équipe ougandaise particulièrement douée.

Mais ce n’est pas tout. En plus de faire du très bon fromage, la ferme est liée à un centre d’hébergement et de rééducation pour des enfants handicapés. La ferme est ainsi un lieu de thérapie pour ces enfants. Les enfants viennent donc à la ferme pour traire, nourrir et soigner les chèvres. C’est lors d’une de ces sorties « inclusives » (comprenez « personnes valides incluses » !) que nous avons eu la chance de découvrir la ferme et les enfants du centre.

Et pour couronner le tout, en tant qu’entreprise sociale, la ferme reverse les profits générés par la vente des fromages pour soutenir les projets de développement du centre de rééducation.

Les arts de la scène comme lieu d’apprentissage

Nos 3 artistes du mois sont Boucle d’Or, la maman de Jack et le marchand de foin…

Avant de découvrir l’œuvre de nos artistes, une petite explication s’impose. Ce mois-ci, l’école a mis sur pied une activité ludique visant à améliorer l’apprentissage de la langue de Shakespeare et à enrichir le vocabulaire des enfants. Chaque classe a donc choisi un conte qu’ils ont appris par cœur, mis en scène et présenté au reste de l’école sous forme d’une petite pièce de théâtre. La classe de Lola a eu à cœur de revisiter les 3 petits cochons. Anna-Lou nous a enchantés avec l’histoire de « Jack et le haricot magique » et Romain a cassé la baraque avec sa version bien à lui de « Boucle d’Or et les 3 ours ».

Cette activité artistique nous a surtout fait prendre conscience des immenses progrès que nos enfants ont réalisés en anglais en seulement 4 mois. Ils communiquent sans effort (apparent du moins), ils sont à l’aise pour s’exprimer en public et ils s’adressent à tout un chacun (profs, amis, inconnus, visiteurs, collègues, …) avec le plus grand des plaisirs. Cet élément – non négligeable – rend notre expérience ougandaise encore plus riche. En effet, parler la langue du pays qui nous accueille permet encore plus de rencontres, plus de découvertes et plus de plaisirs partagés.

On vous laisse, donc, en compagnie de nos artistes (une version vidéo de ces « exploits » existe également mais des limitations techniques nous empêchent de les partager via notre blog. Cela étant, les photos en valent déjà largement la peine J ) :

L’éducation pour construire le monde de demain

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Un livre rafraîchissant, rempli de conseils pratiques, pour alimenter des chouettes discussions avec ses enfants. Frédéric Lenoir reprend à son compte le principe de Montaigne selon lequel il vaut mieux des enfants avec une tête « bien faite » qu’avec une tête « bien pleine ». En racontant l’expérience vécue avec des enfants des 4 coins du monde, l’auteur nous rappelle l’extraordinaire capacité des enfants dès l’âge de 6 ans à questionner le monde, à s’interroger, à s’émerveiller, à réfléchir, à confronter leurs raisonnements, bref à philosopher.

 

photo alvarez « Les lois naturelles de l’enfant sont des invariants pédagogiques. Par définition, ils ne varient pas, ils sont communs à tous les êtres humains et transcendent donc l’idée de méthode. Ils devraient devenir le dénominateur commun universel de toute proposition éducative visant à épanouir et à respecter les pleins potentiels humains. Ces grands principes respectent notre fonctionnement naturel plutôt qu’ils ne le répriment. Sortons de cet ancien monde qui a pris pour habitude de soumettre les lois de la vie à sa propre volonté, à ses idées ou à ses croyances. Entrons à l’inverse dans une démarche de connaissance et de co-opération avec les lois naturelles, faisons le choix de l’humilité, revoyons nos habitudes et construisons le monde de demain : des merveilles insoupçonnées nous attendent. « 

Et si la coopération supplantait la compétition ?

Nous voilà déjà en décembre ! En Belgique les premiers flocons sont donc tombés, pendant qu’en Ouganda les pluies sont en train de s’espacer. Le robinet céleste va ici bientôt se refermer et ne se rouvrira que fin février.

Novembre s’est égrené pour nous sans événements majeurs, mais avec une succession de petits moments simples et savoureux : spectacles de théâtre pour les enfants à l’école (voir « le coin des artistes »), reprise du boulot pour Géraldine (qui a repris du service pour la Coopération Technique Belge, pour l’instant pour un contrat de 2 mois), participation à des événements sportifs à Fort Portal (10 Km jogging et triathlon pour Denis , triathlon par équipe pour Géraldine, journée sportive pour les enfants), récolte des premières carottes de notre potager, pour Lola première copine de l’école à dormir à la maison, découverte de la Ferme Kyaninga  (voir « le coin des routards »), dégustation des saveurs locales (voir «  le clin d’œil photo »), rencontre de Saint-Nicolas arrivé en Ouganda par bateau sur Lac Victoria.

Voici le lien photos pour illustrer cela en images : https://www.dropbox.com/sh/y3wi20m4bwehwni/AADfcJeONl7d6TK3yukfKSc9a?dl=0

Au final, sentiment de nous sentir de mieux en mieux dans notre nouvel environnement. Heureux de voir nos 3 enfants bien dans leurs baskets.

Ces premiers mois en terre ougandaise ont renforcé également notre conviction que notre monde a plus que jamais besoin de coopération. Comment relever les enjeux de nos sociétés modernes avec  un modèle qui produit quelques vainqueurs et une masse de perdants ? Alors nous formulons ce vœu pour 2018 de voir la coopération supplanter le modèle dominant de la compétition ?

Et la coopération à laquelle on pense n’est certainement pas la chasse gardée de la coopération au développement. Le secteur de la coopération au développement a d’ailleurs à faire lui-même sa mutation (voir « Zoom Iles de Paix »).

Mais il en va de même des écoles. Là encore il nous faut saluer et encourager tous les enseignants qui s’engagent dans cette voie de la coopération, veillant à faire de nos enfants des citoyens connectés au monde et à ses enjeux, veillant à révéler les talents de chacun. Les expériences relatées par Frédéric Lenoir ou Céline Alvarez (voir « le coin des lecteurs ») sont dans ce sens encourageantes.

Le monde des entreprises a aussi à faire sa révolution, dans son organisation et dans sa vision de son rôle dans la société. Si en tant qu’employé, nous n’avons pas toujours les moyens de faire bouger les lignes, en tant que consommateur, nous avons le pouvoir d’encourager les entreprises qui choisissent une  voie plus coopérative, plus sociétale.

Bref, quel que soit notre boulot, où que nous soyons sur notre planète, semons en 2018 des graines de coopération. Il se raconte que les plantes qui en poussent sont vivaces 😉

Bonnes fêtes de fin d’année à tous !

La Hees Family